La forte abstention aux élections européennes traduit un rejet massif de l’UE
En mai 2019, l’élection européenne désignera les 705 parlementaires chargés de représenter les 28 pays de l’Union européenne. Mais on peut penser, au regard des divergences entre les états membres et du nombre croissant de pays qui s’opposent aux politiques menées par Bruxelles, que la désaffection des urnes surpassera celle de la consultation de 2014. 20 pays parmi les 28 membres de l’UE affichaient alors un taux d’abstention supérieur à 50%. En France 56.5%, en Allemagne 53% et 55.3% en Espagne mais aussi des taux supérieurs à 60% dans 13 pays membres dont le Royaume Uni qui depuis, a tiré sa révérence. Dans 7 états le taux d’abstention était supérieur à 70% et atteignait jusqu’à 87%.
Un taux de participation inférieur à 30 ou 40% lors d’une élection nationale, compromettrait l’exercice du pouvoir mais les instances européennes ne semblent guère s’inquiéter du danger démocratique que constitue le défaut de représentativité du parlement européen. Pour exemple, les élections de Donald Trump et de Vladimir Poutine comptaient respectivement 54 et 60% d’électeurs qui s’étaient déplacés. Certes, la nature d’une élection européenne peut sembler différente de celle d’une élection nationale, mais les conséquences n’en sont pas moins cruciales pour les ressortissants de chacun des pays qui composent l’UE. En effet, aux yeux de nombreux citoyens européens, les parlements nationaux s’apparentent désormais à de simples chambres d’enregistrement des lois de Bruxelles qui cependant, régentent de plus en plus l’économie des pays membres. Marie Théobald, journaliste au Figaro, écrivait le 23 mai l'UE pourra conclure certains accords sans l'aval des Parlements nationaux.
Alors cette élection a-t-elle encore un sens démocratique et faut-il voir à travers cette désertion, seulement un désintérêt pour des questions paraissant éloignées des préoccupations quotidiennes ou au contraire, un vrai plébiscite contre la politique de Bruxelles ? En France, le taux de participation atteignait 69.7% lors du référendum pour le traité de Maastricht en 1992 et 69.34% à l’occasion du traité établissant une constitution pour l'Europe (TECE) en 2005. Que l’on soutienne ou que l’on conteste la politique européenne, il convient néanmoins de reconnaitre que la mondialisation à marche forcée et la désindustrialisation, la précarisation de l’emploi et la hausse perpétuelle du chômage, la misère dans des pays exsangues agenouillés devant la Commission Européenne ainsi que l’obligation d’accueil de populations extra-européennes, ont eu raison du rêve européen. Par ailleurs, bon nombre de Français qui ont dit non à la constitution européenne lors du référendum de 2005, boudent les urnes depuis que le texte remanié et rebaptisé Traité de Lisbonne, a été ratifié contre leur volonté par le Parlement en 2008. Les taux d’abstention dans les 28 pays membres sont en moyenne 2 ou 3 fois plus élevés lors des élections européennes. Aussi peut-être devrions-nous admettre que l’abstention est majoritairement significative d’une opinion réfléchie d’européens ne faisant plus confiance à la gouvernance de l’Union européenne. Certains ne se reconnaissent pas dans les partis politiques en présence ou les juge impuissants voire inutiles quand d’autres misent sur une abstention massive qui pourrait participer à l’affaiblissement puis à la disparition d’une association politico-économique trop peu représentative.
Francis JOURNOT Projet Collectivité Nationale